Anatole Collinet Makosso a été désigné Premier ministre à la mi-mai suite à la réélection de Denis Sassou Nguesso. C’est lui qui sera chargé de mettre en œuvre le programme de campagne du chef de l’État. Mais lui aussi qui devra reprendre un certain nombre de dossiers épineux, en lien notamment avec l’état des finances du pays. Qu’envisage-t-il ? Comment réagit-il par ailleurs à la polémique sur la présence, au sein de son équipe, de l’un des fils du président, en la personne de Denis Christel Sassou Nguesso ? Anatole Collinet Makosso répond aux questions de RFI. 

RFI : Lors du premier Conseil des ministres du quinquennat le président Denis Sassou Nguesso a enjoint le gouvernement à tout mettre en œuvre pour reprendre le dialogue avec les créanciers du Congo. De fait, le plan conclu en juillet 2019 par le gouvernement avec le FMI est caduque. Vous pensez donc pouvoir relancer le dialogue sur de nouvelles bases ?

Anatole Collinet Makosso : Nous continuons les négociations avec nos partenaires du FMI. « Le plan est caduque », c’est vous qui le dites. Les négociations étaient suspendues, nous les reprenons et nous avons foi, effectivement, qu’à la reprise de ces négociations nous parviendrons à nous accorder avec nos partenaires.

Comment est-ce que vous pensez pouvoir rassurer le FMI, alors que vos prédécesseurs n’ont pas pu mettre en œuvre les mesures sur lesquelles ils s’étaient engagés en 2019 ?

Il y a la volonté du gouvernement qui reste affichée, il y a la nouveauté du gouvernement qui doit rassurer et il y a aussi la continuité des négociations, telles qu’elles avaient été entreprises par nos prédécesseurs. Ce n’est pas que nous n’ayons pas pu mettre en œuvre les mesures… Si ! Les mesures ont été mises en œuvre. L’évaluation peut établir qu’il y a encore des efforts à fournir et nous poursuivrons ces efforts, pour que nous puissions arriver à nous entendre de façon définitive avec nos partenaires.

Et sur ce dossier, justement, où en êtes-vous des discussions avec les traders ?

Elles se poursuivent, il n’y a aucun doute de ce point de vue.

Est-ce qu’il y a des progrès ?

Bien sûr, on les remarquera au fur et à mesure.

Et pourquoi, dans ce cas, est-ce que ces discussions prennent autant de temps ?

Ce ne sont pas des négociations avec des États. Ce sont des négociations avec des particuliers, avec des commerçants, qui ont leurs exigences… Elles prennent le temps qu’il faut, c’est tout à fait normal.

Puisque l’on parle de dette, la justice française vient de prendre une nouvelle décision qui autorise la société Commisimpex à saisir des biens pour rembourser sa dette. La dette du Congo vis-à-vis de Commisimpex s’élève à 1,4 milliards d’euros. Est-ce que l’ampleur de cette créance vous inquiète, en tant que Premier ministre ?

Une dette reste une dette, quelle que soit son ampleur, quelle que soit sa nature. Elle reste une dette et elle doit préoccuper, qu’elle soit réelle, qu’elle soit fictive. La seule chose que je peux dire à ce stade, c’est qu’il y a beaucoup de pesanteurs sur ce dossier.

Vous parlez de pesanteur, à quoi faites-vous référence ? Quelles sont ces pesanteurs qui pèsent sur le dossier ?

Nous le communiquerons à la justice

Votre gouvernement compte un ministre dont on a beaucoup parlé : Denis Christel Sassou Nguesso, l’un des fils du président congolais. Il est ministre de la Coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé. Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que le président Sassou prépare sa succession ?

Ils n’ont pas bien lu l’article 15 de la Constitution. Il nous dit bien, à son alinéa 2 : « Nul ne peut être favorisé ou désavantagé en raison de son origine familiale, ethnique, de sa condition sociale, de ses convictions politiques, religieuses, philosophiques ou autres ». Quand on a lu cela, on ne voit pas comment on peut continuer à entretenir la polémique sur l’entrée au gouvernement d’un compatriote, au motif qu’il serait de telle famille et que dans cette hypothèse on voudrait le préparer à telle destination.

Ceux qui s’interrogent sur cette entrée évoquent pourtant un précédent, celui du Gabon, puisqu’au Gabon l’entrée au gouvernement d’Ali Bongo a été un accélérateur politique qui lui a ouvert la voie par la suite, de la présidence. Qu’est-ce que vous leur répondez ?

Tous les Congolais peuvent nourrir l’ambition d’être candidat à la présidence. On ne peut donc pas soupçonner une personne de nourrir telle ambition et de penser que telle autre personne ne la nourrit pas. Et on ne peut pas prendre le cas du Gabon, le cas de la France, le cas de la Côte d’Ivoire, et se dire : puisque les choses se sont passées ainsi, nécessairement, cela se passera de la même manière, ici. Et s’il arrive que les choses se passent ainsi, ce n’est pas parce que l’on aurait utilisé le même schéma.

Plusieurs activistes de la société civile ont été arrêtés pendant la campagne électorale, dont monsieur Alex Nzabana. La société civile continue à réclamer sa libération. Est-ce que c’est une chose qui est envisagée par votre gouvernement ?

Une personne, lorsqu’elle est poursuivie par la justice et qu’elle est placée en détention préventive, par exemple, ne recherche qu’une chose : que justice soit faite, pour certainement établir son innocence.

Vous souhaitez, en tant que Premier ministre, que la procédure puisse être accélérée pour que l’on puisse examiner les faits ?

Bien sûr, je ne peux que souhaiter cela pour mon compatriote. Je n’ai pas besoin d’avoir des compatriotes qui restent longtemps en détention préventive. Donc nous plaidons, oui… Nous travaillons pour qu’effectivement la procédure soit accélérée et qu’il puisse faire valoir ses droits à la défense.

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